Camille, une jeune parmi les vieux
Camille la jeune féline qui participe aux séances d'escalade de l'ASRY, vient de Lyon et s'oriente vers l'encadrement du sport adapté à tous les publics. Elle fait d'abord connaissance avec la Vendée par ses murs d'escalade. Présentation.
L'assurage : des réflexes à acquérir
Sa silhouette n'est pas exactement celle d'une femme d'âge mûr, ses cheveux sont noirs et les rides elle ne connaît pas.
Elle se déplace comme le ferait un chat dans les voies d'escalade de la salle Rivoli, à La Roche-sur-Yon. Tout en souplesse et aisance. Camille est une féline. Et pourtant elle grimpe à Rivoli avec les vieux de l'ASRY. Cherchez l'erreur !
Camille n'est pas une recrue phénomène de l'Association Sportive des Retraités Yonnais - il y en a - !
Elle est depuis juillet dernier salariée à mi-temps du Comité départemental d'escalade de la Vendée en tant que Diplômée d'Etat. "La DE du comité", comme disent les initiés.
Pour son autre mi-temps elle est étudiante en sciences et techniques des activités physiques et sportives et c'est à ce titre qu'elle participe en tant que stagiaire à certaines des séances en salles et sorties en falaises des membres de l'ASRY escalade.
Car elle ambitionne d'acquérir la spécialité "sport adapté à tous les publics".
Sa présence, d'abord discrète, parmi les vieux escaladeurs se fait plus participante. Son œil expert la fait intervenir par petites touches auprès des escaladeurs pour le rappel d'une consigne de sécurité, un conseil pour un mouvement approprié, une gestuelle plus adaptée...
Elle intervient aussi auprès de l'ensemble des groupes en début de séance pour proposer des échauffements ou des jeux. C'est ainsi qu'elle a déjà suggéré de grimper les yeux fermés ou bandés - bien-sûr en moulinette - de grimper en chaussettes, avec une seule jambe, une seule main, en n'allant pas chercher de prises plus haut que sa tête... "Parce qu'il faut, explique-t-elle, que l'escaladeur sorte de ses habitudes, qu'il explore d'autres ressources pour qu'il progresse".
Parce qu'on peut progresser encore à notre âge ?
- "Mais bien-sûr", affirme-telle, visiblement convaincue.
L'un des secrets de l'escalade : se mouvoir au plus près de la paroi
Et comment ressent-elle le groupe ?
- "Je trouve que les retraités ne sont pas très différents des actifs. Disons qu'ils sont peut-être plus autonomes que dans d'autres groupes où je suis amenée à intervenir. Les manœuvres de sécurité ont, dans l'ensemble, été bien acquises. Je vois bien que certains ont plus d'expérience que d'autres mais je sens des gens volontaires, désireux de se maintenir et même de progresser.
En tous cas tous les participants ont l'air de bien se prendre au jeu. Oui c'est intéressant".
Quel est à son avis l'intérêt de l'escalade pour des retraités ?
- Je dirais que c'est d'abord un entretien de la souplesse sans qu'il s'agisse d'exercices rébarbatifs.
Il y a aussi le travail sur la sensibilité du bout des doigts qui est très bénéfique, la capacité à la préhension des prises par les mains qui sans cela aurait tendance à s'altérer avec le temps, et puis il y a la découverte de positionnements du corps dans les voies qui vont permettre de passer là où la puissance musculaire seule ne suffit plus.
Et, ajoute-t-elle, alors qu'elle tient un verre de jus de pomme à la main à l'occasion d'un anniversaire en fin de séance, je ne parle pas de l'évidente convivialité qu'il y a entre vous.
Et puis je grimpe plus avec vous qu'avec les jeunes par ce que j'ai pas besoin d'encadrer et si votre nombre est impair je peux compléter l'effectif.
Bien-sûr on ne va pas faire tout à fait la même chose avec vous. Par exemple on exclut le "bloc". Parce qu'il vaut mieux éviter les chûtes.
Ou alors c'est de la prévention. En apprenant à tomber sans se faire mal".
Camille ici dans une voie difficile : une 6B
Carte d'identité...
Camille Loulmet, née à Lyon en 1993
Pratique l'escalade depuis l'enfance par la fréquentation de salles de blocs où sa maman l'emmenait avec son petit frère, et par des vacances avec son père qui pratique l'escalade en salle et en falaise
dans les environs de Lyon.
Sa pratique de l'escalade devient plus assidue avec l'internat au lycée. Bac S en poche elle entreprend une licence à la fac de sport à Lyon puis poursuit en master à Grenoble où elle s'oriente plutôt sur l'économie du sport et du tourisme.
En 2017, à la faveur de la fin de l'embargo elle accompagne son père à Cuba où pendant trois mois elle va ouvrir des voies dans des sites naturels peu ou pas exploités. Elle y découvre le plaisir de grimper par 30° au cœur de l'hiver.
... Et Curriculum vitae
l'année suivante elle parfait son anglais aux Etats Unis puis revient en Isère où, à Voiron, elle confirme ses velléités professionnelles dans le sport via la formation au Diplôme d'Etat. Elle se promène alors dans le 7 et choisit l'option "performance". l'autre option étant la course en grande voie.
Son premier emploi elle le décroche au comité départemental d'escalade du Rhône par un mi temps
qu'elle complète par des encadrements dans plusieurs clubs.
l'expérience est stoppée net en mars 2020 avec le Covid mais elle a été suffisante pour réaliser que le métier d'encadrante devient trop répétitif au delà des 15 heures par semaine. "On finirait vite par saturer". Et puis cet encadrement se déroule presque essentiellement en soirée et sur les week-
ends ce qui lui fait dire qu'à terme "je préférerais des horaires en journée".
C'est donc dans cette logique qu'en avril 2021 elle répond à une annonce du Comité d'escalade de Vendée pour un mi-temps et dans cette logique toujours qu'elle reprend des études au STAPS de Lyon pour cette fois la spécialité "Activités physiques adaptées à tous les publics". D'où sa présence aux séances escalade des vieux de l'ASRY. La boucle est bouclée.